Les Archives Départementales
Les armoiries sont « des emblèmes en couleurs, propres à une famille, à une communauté, ou plus rarement à un individu, et soumis, dans leur disposition et dans leur forme, à des règles précises qui sont celles du blason » (R. Mathieu 1946).
A l'image des femmes, les filles ou les épouses, la nécessité de disposer d'un sceau pour valider les actes établis sous leur autorité encourage les ecclésiastiques et les institutions civiles ou religieuses à adopter des armoiries.
Dans la seconde moitié du XIIIe s., archevêques, évêques et chapitres cathédraux (assemblées de religieux qui les entourent) disposent d'armoiries.
Dans le diocèse de Sens, l'archevêque et son chapitre semblent utiliser conjointement un écu dès la fin du XIIe s. : plusieurs initiales du missel dit d'Étienne Bécquart, archevêque de Sens, sont décorées d'un écud'azur à la croix d'argent, cantonnée de huit crosses de même posées deux par canton(chapitre) et d'un autrede gueules à deux haches d'argent adossées, mises en pal(Bécquart).
Si l'écu du chapitre cathédral, personne morale, demeure immuable jusqu'à la fin du XVIIIe s., celui de l'évêque, personne physique, lui est propre.
Souvent fils puînés de familles aristocratiques, les évêques et les archevêques usent des armes familiales auxquelles certains choisissent d'associer celles de leur chapitre. Le sceau de Guillaume II de Melun, archevêque de Sens, le représente accompagné de deux écus : celui de droite est aux armes du chapitre, et celui de gauche porte lessept besants, posés 3, 3 et 1, sous un chef, des vicomtes de Melun. Par dévotion, sur son contre-sceau l'écu familial est surmonté d'une scène de la lapidation de saint Étienne (patron de la cathédrale de Sens).
L'apparition et le développement des armoiries au sein du clergé régulier suit une chronologie différente.
Aux XIIIe et XIVe s., quand les abbayes se dotent d'un écu, elles choisissent souvent, en signe de reconnaissance, les armes de leur fondateur ou de leur bienfaiteur.
Vers le XVe s., elles optent en revanche pour les armoiries propres. Comme pour les séculiers, les dignitaires réguliers usent, quant à eux, d'emblèmes familiaux.
Initialement, les institutions urbaines et judiciaires, à l'instar des établissements ecclésiastiques, choisissent d'emprunter les armes de leur seigneur. En 1223, lorsque Mathilde de Courtenay, comtesse de Nevers, d'Auxerre et de Tonnerre, affranchit les habitants de la ville d'Auxerre, elle dote le corps de ville d'un sceau mais sans en fixer l'image. En remerciement des libéralités accordées, les édiles choisissent les armoiries de la comtesse :d'azur semé de billettes d'or, au lion de même, armé et lampassé de gueules, brochant sur le tout.
D'autres villes usent de représentations monumentales, symboles de leur puissance. Dès 1195, après l'affranchissement de la ville de Sens, le sceau du corps de ville porte une muraille crénelée d'où s'élèvent trois tours. En 1474, après l'instauration du mairat, Louis XI autorise les échevins à entourer l'antique muraille desix fleurs de lis d'or.
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