Les Archives Départementales
Les armoiries sont « des emblèmes en couleurs, propres à une famille, à une communauté, ou plus rarement à un individu, et soumis, dans leur disposition et dans leur forme, à des règles précises qui sont celles du blason » (R. Mathieu 1946).
Dès le XVIe s., la diffusion des armoiries dans la société et la vie quotidienne s'accompagne d'une représentation de plus en plus complexe. À la même époque, le pouvoir royal en réglemente le port, pour lutter contre les abus mais aussi pour en exploiter fiscalement le prestige qu'elles véhiculent.
À l'époque moderne, les bourgeois (marchands ou officiers de justice pour la plupart) décorent leurs écus d'objets ou d'ustensiles en rapport avec leurs patronymes : les deux frères Gaudet, respectivement notaire au bailliage et greffier de la justice municipale d'Avallon, à la fin du XVIIe s., portent un écud'argent au godet de gueules.
Ce retour à l'usage d'armoiries dites parlantes atteint son paroxysme lors de la rédaction de l'Armorial général à partir de 1696.
À l'intérieur de l'écu peut régner une extrême complexité : le nombre de partitions et de pièces augmente considérablement, parfois au détriment de sa lisibilité. L'écu écartelé est très fréquemment choisi, car il permet de faire figurer, par un savant usage des rabattements, plusieurs quartiers d'alliances familiales.
Si, depuis l'époque médiévale, toute personne est libre de porter des armoiries pour peu qu'elle n'usurpe pas celles d'autrui, il n'en est pas de même des ornements qui les accompagnent.
Dans un souci de se démarquer de la bourgeoisie, les membres de la noblesse se voient réserver le port d'une des principales marques de leur extraction chevaleresque : le cimier ou timbre, souvenir du heaume médiéval.
Les autorités tentent de limiter les abus d'ornements extérieurs : l'arrêt du Parlement du 2 mars 1556 interdit à tout bourgeois de porter des armoiries timbrées.
La seule et unique réglementation durant l'Ancien Régime est introduite par l'édit de 1696 portant création de l'Armorial général, dont le but est avant tout fiscal (perception d'une taxe obligatoire d'enregistrement). Obligation est désormais faite à toute personne morale, sous peine d'amende, de posséder des armoiries et de les faire enregistrer.
Malgré l'importance des amendes encourues, les enregistrements de blason, peu nombreux, sont essentiellement le fait des membres de la noblesse et du clergé.
En 1698, de nombreux artisans auxerrois refusent de se soumettre à l'édit de 1696 : ils estiment ne pas être constitués en communauté et déclarent n'avoir jamais porté d'armoiries. Ils établissent une procuration pour faire plaider leur cause auprès du souverain, lui demandant de surseoir à cette obligation. Malgré cette supplique, leur cause n'est pas entendue et une majorité se voit attribuer des armoiries d'office.
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