Dès l'automne 1914, devant les lourdes pertes (40 000 morts pour la seule bataille des Ardennes des 20-23 août, 227 000 tués ou portés disparus lors de la 1ère bataille de la Marne du 6 au 13 septembre), le commandement décide le départ des réservistes et des territoriaux. Les aînés, le plus souvent déjà encasernés dans l'attente du départ, viennent rejoindre les jeunes sur le front : les hommes de la réserve de l'armée territoriale (classes 1892 à 1888) partent vers l'est et le nord entre décembre 1914 et avril 1915.

Très vite, le besoin constant de renouvellement des troupes implique également le départ prématuré des classes : 1915 en décembre 1914, 1916 en avril 1915, 1917 en janvier 1916, 1918 en avril 1917 et 1919 en avril 1918.

"Trop jeune pour partir en 1914 à la mobilisation puisque faisant partie de la classe 1916, il y avait longtemps déjà que nos aînés étaient partis et nombreux étaient déjà ceux qui étaient tombés et dont les petites croix se dressaient tout au long du front de bataille (…) placées en sentinelle symbolisant la résistance à l'ennemi". Émile Charrier, carnet de guerre, introduction.

"Nous venons de savoir que l'ordre est arrivé de partir, nous partons demain matin dimanche à 5 h, mais pas dans le département de l'Ain comme c'était dit, nous allons dans la Haute-Sâone à Gray". Joseph Legros à sa femme, 29 juin 1915.

"Tu me dis qu'Octave doit partir sur le front prochainement, mais je crois et souhaite qu'il ira plutôt pour garder les voies ferrées en arrière des lignes de combat". Paul Thibaut à sa soeur, épouse d'Octave Joly, 25 février 1915.